Troubles du comportement alimentaire : comprendre et accompagner
- asnaturopathie
- 23 août
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 oct.
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) concernent des millions de personnes dans le monde. Selon l’INSERM, en France, environ 600 000 jeunes souffrent d’un TCA.
Ces troubles sont loin d’être de simples caprices alimentaires : ils sont le reflet d’une souffrance psychologique profonde, souvent liée au stress, à l’anxiété, à une faible estime de soi ou à des traumatismes.
L’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont les plus connues, mais il existe d’autres troubles plus discrets, comme l’orthorexie ou la néophobie alimentaire.
Ces pathologies nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire. La naturopathie, en tant qu’approche globale, peut jouer un rôle essentiel pour rééquilibrer le terrain physique et émotionnel, restaurer la relation avec l’alimentation et accompagner la personne vers un mieux-être durable.

Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?
Un TCA se définit par une relation perturbée avec la nourriture, caractérisée par des comportements alimentaires inadaptés (restriction, compulsions, vomissements, etc.) et une souffrance psychique intense. Il existe plusieurs formes principales :
Anorexie mentale : restriction alimentaire sévère, peur intense de prendre du poids, perception déformée du corps, souvent associée à un hypercontrôle.
Boulimie : alternance de crises de suralimentation compulsive et de comportements compensatoires (vomissements, laxatifs, jeûnes prolongés, activité physique excessive).
Hyperphagie boulimique : crises de consommation excessive sans comportements compensatoires, entraînant fréquemment un surpoids ou une obésité.
Troubles plus atypiques : orthorexie (obsession pour une alimentation « pure »), pica (ingestion de substances non alimentaires), néophobie (rejet des nouveaux aliments).
Les causes sont multifactorielles : génétiques, psychologiques, socioculturelles (pression sociale sur le corps, culte de la minceur) et environnementales (stress familial, événements de vie).
Ces troubles s’accompagnent souvent de comorbidités comme la dépression, l’anxiété, des addictions, voire des troubles de la personnalité.

Les conséquences physiques et psychologiques des TCA
Les TCA ont un impact sévère sur la santé :
Carences nutritionnelles : déficit en vitamines, minéraux, protéines, acides gras essentiels.
Troubles hormonaux : aménorrhée chez les femmes, baisse de la libido, perturbations de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique.
Complications digestives : reflux gastro-œsophagien, constipation chronique, ulcères, rupture gastrique dans les cas extrêmes.
Dérèglement du système nerveux et immunitaire : irritabilité, troubles de la concentration, fatigue chronique, baisse des défenses immunitaires.
Conséquences psychiques : dépression, isolement social, risque suicidaire élevé.
Selon une méta-analyse publiée dans The Lancet Psychiatry en 2020, l’anorexie mentale présente le taux de mortalité le plus élevé de tous les troubles psychiatriques, soulignant la gravité de ces pathologies (Arcelus et al., 2011).
Les clés de la prise en charge : le rôle de la naturopathie
La prise en charge conventionnelle des TCA associe suivi médical et psychologique. La naturopathie ne se substitue pas à ces accompagnements, mais elle y contribue de manière complémentaire en travaillant sur plusieurs axes :
1. Rééquilibrer le terrain physiologique
Le corps des personnes souffrant de TCA est souvent épuisé par des carences, des perturbations métaboliques et un stress oxydatif important.
Restaurer les fonctions vitales est une priorité.
Soutien digestif : en cas de vomissements répétés ou de troubles intestinaux, des plantes comme le gingembre (Zingiber officinale) ou la mélisse (Melissa officinalis) peuvent apaiser l’estomac et limiter les nausées. Un apport en probiotiques aide à restaurer la flore intestinale perturbée, comme le montre une étude de Mörkl et al. (2018) sur le lien entre microbiote intestinal et TCA (Nutrients).
Apports nutritionnels progressifs : réintroduire en douceur les macronutriments et micronutriments essentiels, en respectant le seuil de tolérance digestif et psychologique de la personne.
Régulation de la glycémie : limiter les pics d’insuline qui entretiennent le cycle des compulsions. La consommation de repas équilibrés riches en protéines végétales, fibres et acides gras essentiels favorise une glycémie stable.
Des repas digestes et équilibrés favorisent la stabilité de la glycémie
2. Soutenir la sphère neuro-émotionnelle
Le stress chronique et les troubles émotionnels sont au cœur des TCA. La naturopathie propose plusieurs outils :
Aromathérapie : l’huile essentielle de lavande fine (Lavandula angustifolia) a démontré son efficacité anxiolytique dans des essais cliniques randomisés (Koulivand et al., Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, 2013).
Fleurs de Bach : Rescue, Cherry Plum ou Crab Apple aident à apaiser la peur de perdre le contrôle ou la culpabilité.
Phytothérapie adaptogène : des plantes comme la rhodiole (Rhodiola rosea) ou l’ashwagandha (Withania somnifera) aident à mieux gérer le stress et à réduire l’hyperactivité du système nerveux sympathique.
La phytothérapie est une bonne alliée dans le rééquilibrage du rapport à l'alimentation
3. Restaurer la conscience corporelle
La dissociation avec le corps est fréquente chez les personnes souffrant de TCA. Travailler sur la reconnexion corporelle permet de rétablir une relation apaisée avec soi-même :
Réflexologie : en stimulant des zones réflexes liées aux organes digestifs et au système nerveux, la réflexologie aide à libérer les tensions et favorise l’équilibre émotionnel.
Exercices de sophrologie ou de méditation pleine conscience : ces techniques ont montré leur efficacité pour améliorer la perception corporelle et réduire les comportements compulsifs (Kristeller & Wolever, Eating Disorders, 2011).

4. Accompagner la gestion des émotions
Les TCA sont souvent des stratégies de survie face à des émotions envahissantes. En naturopathie, la gestion des émotions s’appuie sur des outils naturels et éducatifs :
Éducation nutritionnelle : apprendre à identifier la faim physiologique de la faim émotionnelle.
Journal alimentaire et émotionnel : consigner ses repas et ses ressentis aide à comprendre les déclencheurs des crises.
Travail sur l’estime de soi : mettre en place des rituels quotidiens favorisant la bienveillance envers soi-même (affirmations positives, gratitude).
Cas pratique : l’hyperphagie boulimique et la naturopathie
L’hyperphagie boulimique se caractérise par des crises alimentaires sans comportements compensatoires. Ces crises surviennent souvent en période de stress, d’ennui ou d’émotions négatives.
En naturopathie, l’accompagnement consiste à :
Stabiliser la glycémie avec des collations riches en protéines (oléagineux, houmous, œufs) et à faible index glycémique.
Utiliser des plantes comme le safran (Crocus sativus), dont plusieurs études ont montré l’intérêt pour réduire les fringales et améliorer l’humeur, notamment une revue systématique publiée dans Journal of Integrative Medicine (2019).
Pratiquer la respiration abdominale pour apaiser le système nerveux parasympathique avant et après les repas.
L’importance de l’environnement et du mode de vie
Un accompagnement efficace doit également prendre en compte l’hygiène de vie globale :
Sommeil réparateur : la privation de sommeil majore l’appétit et la recherche de sucres rapides. La naturopathie conseille une routine de coucher régulière et l’utilisation de tisanes sédatives (tilleul, valériane).
Activité physique adaptée : le mouvement contribue à réguler l’humeur, mais doit être pratiqué sans obsession de la dépense calorique. Des activités douces comme la marche en nature ou le yoga sont idéales.
Entourage soutenant : favoriser la communication avec des proches bienveillants ou des groupes de soutien peut rompre l’isolement, facteur aggravant des TCA.

Pourquoi la naturopathie est-elle pertinente ?
La naturopathie agit en complément des approches médicales et psychothérapeutiques en :
Rétablissant le terrain physique, souvent fragilisé.
Soutenant la régulation émotionnelle, indispensable pour limiter les crises.
Redonnant confiance en la capacité à écouter ses besoins corporels.
Offrant des outils pratiques pour rééquilibrer l’alimentation et apaiser le stress.
Cette approche globale s’inscrit dans une logique de prévention des rechutes, en travaillant sur les causes profondes plutôt que sur les symptômes seuls.
Quand orienter vers un suivi médical spécialisé ?
Il est fondamental de rappeler que certains signes imposent une prise en charge médicale urgente :
Perte de poids rapide ou IMC < 17.
Vomissements fréquents avec signes de déshydratation ou désordres électrolytiques (troubles du rythme cardiaque, crampes).
Dépression sévère ou idées suicidaires.
Dans ces situations, la naturopathie doit impérativement être associée à un suivi médical et psychologique spécialisé.
Conclusion
Les troubles du comportement alimentaire sont des pathologies complexes, à l’interface du psychique et du somatique. Ils nécessitent une approche pluridisciplinaire, dans laquelle la naturopathie peut jouer un rôle précieux : restaurer le terrain, apaiser le stress, accompagner la réconciliation avec le corps et redonner confiance.
En travaillant sur la cause et non uniquement sur le symptôme, l’accompagnement naturopathique offre des solutions naturelles et personnalisées qui soutiennent en profondeur le chemin de guérison.
Références principales
Arcelus J. et al., “Mortality rates in patients with anorexia nervosa and other eating disorders”, Arch Gen Psychiatry, 2011;68(7):724-731.
Koulivand PH, Khaleghi Ghadiri M, Gorji A., “Lavender and the nervous system”, Evid Based Complement Alternat Med, 2013;2013:681304.
Mörkl S. et al., “The role of microbiota in eating disorders”, Nutrients, 2018;10(9):e1241.
Kristeller JL, Wolever RQ., “Mindfulness-based eating awareness training for treating binge eating disorder”, Eating Disorders, 2011;19(1):49–61.
Zeeb M. et al., “Saffron (Crocus sativus) for depression and other mental disorders: A systematic review”, J Integr Med, 2019;17(3):153-160.
Anne-Sophie Dolhem - naturopathe à Buis-Les-Baronnies, Drôme, Visio
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