Santé mentale des jeunes : et si l'alimentation était la grande oubliée ?
- asnaturopathie
- 1 juin
- 5 min de lecture
La santé mentale des jeunes est un sujet de plus en plus préoccupant. Anxiété, troubles de l’humeur, fatigue chronique, perte de motivation, troubles du sommeil, voire idées noires… De nombreux adolescents et jeunes adultes vivent un mal-être profond, souvent difficile à verbaliser. On évoque à juste titre des facteurs psychologiques, sociaux, familiaux, scolaires ou encore liés à l’usage massif des écrans. Mais un aspect fondamental est, à mon sens, trop souvent ignoré : l’impact de l’alimentation et de l’hygiène de vie sur la santé mentale.
En tant que naturopathe et praticienne en réflexologie et sophrologie, je rencontre régulièrement des jeunes en difficulté et des parents désemparés. Et je regrette que le lien entre mal-être mental et mauvaise alimentation soit encore trop peu mis en lumière, alors même qu’il est aujourd’hui largement documenté par la science.

Le rôle de l’alimentation dans la santé mentale : un pilier souvent négligé
Loin d’être anodin, ce que nous mangeons influence directement notre cerveau. Il s’agit d’un organe exigeant, gourmand en nutriments, et très sensible aux variations du microbiote intestinal, de l’inflammation, et des carences.
Le problème, c’est que beaucoup de jeunes aujourd’hui se nourrissent mal. Non pas par négligence ou par choix, mais souvent parce qu’ils n’ont pas les moyens financiers de manger autrement, ou parce qu’ils sont exposés en permanence à une offre pléthorique et très accessible de junk food : fast-food, snacks ultra-transformés, boissons sucrées, plats industriels pauvres en nutriments essentiels. Le tout dans un contexte de précarité croissante et de manque d’éducation à l’hygiène de vie.
Or, ce type d’alimentation est souvent inflammatoire, déminéralisante, et délétère pour la santé du microbiote intestinal. Il ne fournit pas au cerveau les éléments dont il a besoin pour fonctionner correctement : acides gras de qualité, magnésium, vitamines du groupe B, tryptophane, oméga-3, etc.
Le résultat ? Une augmentation des troubles anxieux, de l’irritabilité, des troubles de la concentration, de la fatigue mentale, mais aussi de la dépression.
Ce que la recherche nous dit
Des études récentes ont mis en lumière un lien étroit entre alimentation et santé mentale. Par exemple, une alimentation de type méditerranéen (riche en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, poisson, huile d’olive…) est associée à un risque réduit de dépression et d’anxiété. À l’inverse, un régime de type occidental, riche en sucres raffinés, en graisses saturées et en aliments ultra-transformés, est associé à une augmentation significative des troubles mentaux chez les adolescents.
Le microbiote intestinal joue aussi un rôle clé. Il est aujourd’hui considéré comme un « deuxième cerveau » en raison de sa capacité à produire des neurotransmetteurs comme la sérotonine. Une flore déséquilibrée peut induire une inflammation de bas grade, perturber le sommeil, et favoriser les troubles de l’humeur.

Une prise en charge qui devrait être globale : psychologique et éducative
Face à cette réalité, la réponse ne peut pas être uniquement médicale ou psychologique. Oui, les jeunes ont besoin d’un espace pour exprimer leur souffrance, pour comprendre leurs émotions, pour se reconstruire. Mais ils ont aussi besoin d’outils concrets pour prendre soin d’eux au quotidien.
Cela passe par l’éducation à l’hygiène de vie : apprendre à écouter son corps, à se nourrir de façon équilibrée, à dormir suffisamment, à bouger régulièrement, à respirer, à ralentir. Cela peut et doit faire partie intégrante de l’accompagnement proposé aux jeunes, en complément d’une prise en charge psychologique.
Et c’est là que les approches naturelles comme la naturopathie peuvent jouer un rôle précieux. Sans jamais se substituer à un suivi médical ou psychiatrique si nécessaire, elles peuvent venir en soutien pour restaurer l’énergie vitale, calmer le système nerveux, et rétablir un terrain plus favorable à l’équilibre mental.
Quelques pistes naturopathiques pour soutenir la santé mentale des jeunes
Voici quelques axes concrets que je propose régulièrement dans mes accompagnements :
1. Revoir l’alimentation, sans culpabiliser
Il ne s’agit pas d’imposer un régime strict ou de diaboliser les aliments-plaisirs, mais de réintroduire des bases simples et accessibles :
Privilégier les aliments bruts et peu transformés : fruits, légumes, céréales complètes, œufs, légumineuses, poissons gras, oléagineux.
Limiter le sucre raffiné et les excitants (sodas, boissons énergisantes, café…).
Encourager une hydratation régulière (eau, tisanes).
Intégrer des aliments « alliés du cerveau » : banane, chocolat noir, graines de courge, sardines, avocat, noix…
Parfois, il suffit de petits ajustements progressifs pour ressentir un mieux-être : un petit-déjeuner protéiné, un goûter nourrissant, une réduction des produits industriels…
Quand les carences sont trop importantes, on pourra supplémenter en vitamines, minéraux, oligo-éléments...

2. Prendre soin du microbiote intestinal
Un intestin en bonne santé est un facteur de protection majeur. En cas de déséquilibre (ballonnements, constipation, fatigue après les repas…), on pourra :
Réduire les produits laitiers et le gluten en excès.
Intégrer des fibres douces (légumes cuits, graines de chia, compotes maison).
Introduire des aliments fermentés (kéfir, choucroute crue, miso…).
Faire appel à une cure de probiotiques adaptée, après bilan individualisé.
3. Soutenir le système nerveux naturellement
En naturopathie, on utilise des plantes adaptogènes et apaisantes pour soutenir le jeune en période de stress :
Rhodiola, ashwagandha ou basilic sacré pour l’énergie mentale.
Passiflore, aubépine, mélisse ou valériane pour apaiser l’anxiété et favoriser le sommeil.
Infusions calmantes en fin de journée : camomille, lavande, verveine.
Ces plantes sont à utiliser avec précaution, selon l’âge, le terrain et l’état émotionnel du jeune.
4. Soutenir par la sophrologie et la respiration
Apprendre à respirer profondément, à se recentrer, à relâcher les tensions : la sophrologie est une méthode douce, très efficace chez les jeunes, même les plus sceptiques. Elle leur donne des outils concrets à utiliser au quotidien :
Exercices de respiration pour calmer le mental et l’anxiété.
Visualisations positives pour restaurer la confiance.
Séances de relâchement musculaire pour mieux dormir.
Une pratique régulière, même courte, peut faire une grande différence.
5. Apaiser le corps et le mental avec la réflexologie
En réflexologie plantaire, on travaille sur des zones réflexes correspondant aux organes clés (système digestif, surrénales, système nerveux central, etc.). C’est une technique qui plaît beaucoup aux jeunes car elle ne nécessite pas de parler, et procure un apaisement immédiat.
Une séance peut suffire à redonner de l’énergie ou à améliorer le sommeil. Un accompagnement régulier permet d’agir en profondeur.

Une responsabilité collective
Ce sujet soulève aussi une question plus large : comment notre société prend-elle soin de ses jeunes ?
Tant que la junk food sera moins chère qu’un panier de légumes, tant que les campagnes de prévention ne parleront que de drogues et pas de nutrition, tant que l’éducation nationale n’intègrera pas réellement l’apprentissage de l’hygiène de vie dès le plus jeune âge, nous passerons à côté de quelque chose d’essentiel.
Les jeunes méritent mieux que des anxiolytiques ou des antidépresseurs systématiques. Ils méritent une vraie écoute, un accompagnement bienveillant, des outils concrets et une alimentation qui les nourrit vraiment, physiquement et mentalement.
En conclusion
La santé mentale des jeunes est un défi majeur de notre époque. Il est temps d’adopter une vision plus globale, plus préventive, plus éducative. L’alimentation, le mode de vie, la gestion du stress, le lien au corps : tout cela compte.
En tant que naturopathe, je milite pour une approche complémentaire, respectueuse, et profondément humaine. Car derrière chaque symptôme, il y a un être en quête d’équilibre, de sens, et d’ancrage.
Et parfois, ce chemin commence… dans l’assiette.
Anne-Sophie Dolhem - naturopathe à Buis-Les-Baronnies, Drôme, Visio
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