La médecine conventionnelle représente le paysage de la santé. La naturopathie, avec son approche holistique et préventive, a récemment trouvé son intégrité mise en cause.
Souvent mal comprise et parfois injustement critiquée, elle se retrouve dans une tourmente, scrutée par les médias, critiquée par certains professionnels de santé et ternie par les actes répréhensibles de quelques praticiens. Cette situation nous pousse à réfléchir profondément sur l'essence et l'exercice de notre pratique.
Pourquoi la naturopathie est-elle les feux de la critiques ?
Plusieurs réponses : une compréhension floue de son utilité réelle, le manque de règlementation, la présence de praticiens indélicats, un enseignement hétérogène et des évaluations parfois contestables. De quoi créer un terrain propice au doute et à la méfiance.
Ces paramètres nuisent non seulement à l'image de la naturopathie mais aussi à la perception de sa valeur intrinsèque par le grand public et les professionnels de santé.
La disparité des niveaux parmi les praticiens
Quand j’ai cherché mon école, j’ai constaté la diversité de l’offre sur le marché et la disparité des enseignements. Pas deux programmes identiques, des critères de validation différents, jusqu’aux pratiques enseignées qui varient d’une école à l’autre.
Enfin, il y a les naturopathes autodidactes. Et je ne me permettrais pas de juger de leurs compétences car certains ont bénéficié d’une transmission de savoirs très riche.
Mais comment les consultants peuvent-ils s’y retrouver ?
La construction d'un socle commun de compétences dans le domaine de la naturopathie semble indispensable pour :
garantir une base de connaissances solide qui permet d'assurer une qualité de service constante, indépendamment du praticien consulté.
professionnaliser le secteur en le dotant d'un cadre référentiel clair, nécessaire pour orienter tant la formation initiale que continue des naturopathes.
renforcer la crédibilité et l'acceptation de cette pratique par le grand public et les professionnels de la santé.
Favoriser non seulement une meilleure intégration de la naturopathie dans les parcours de soins mais aussi une reconnaissance légale et institutionnelle plus marquée.
Protéger les consultants de dérives, en facilitant l'identification des pratiques non conformes et en permettant une régulation plus efficace de la profession.
Le positionnement flou de la naturopathie
L’autre enjeu majeur réside dans la capacité à positionner correctement la naturopathie non pas comme un substitut à la médecine conventionnelle mais comme un complément axé sur le bien-être et la prévention.
Trop de praticiens utilisent encore l'expression de "médecine alternative" qui sème la confusion dans l'esprit des consultants, agace et inquiète les professionnels de santé. Certains clients me demandent encore s'ils doivent arrêter leur traitement... Non, bien sur que non !
Comment pratiquer sereinement dans ce contexte ?
1. Adopter un positionnement clair
La naturopathie n'a pas pour vocation de soigner ou de guérir dans le sens médical du terme. Notre rôle est d'accompagner les consultants dans une démarche de bien-être, à travers l'adoption de modes de vie sains et adaptés à leurs conditions.
2. Adapter notre vocabulaire
L'utilisation de termes précis et non médicalisés est cruciale pour éviter toute confusion. Il est important de définir clairement notre rôle et nos méthodes, en employant un langage accessible et transparent.
3. Faire preuve de transparence sur nos méthodes de travail
La clarté sur ce que nous faisons et comment nous le faisons permet d'établir une relation de confiance avec nos consultants. Expliquer nos approches, nos outils et les résultats attendus démystifie notre pratique et renforce notre crédibilité.
4. Avoir une pratique cohérente avec notre propos
Notre pratique doit refléter nos discours. La cohérence entre ce que nous communiquons et ce que nous faisons au quotidien est fondamentale pour maintenir la confiance et respecter notre éthique professionnelle.
Le rôle de la naturopathie dans le parcours de la médecine intégrative
Même si la naturopathie a été décriée au cours de ces dernières année, de plus en plus de médecins reconnaissent l’intérêt de l’intégrer dans un parcours thérapeutique.
Grâce à l'essor de la médecine intégrative, qui vise à combiner les pratiques médicales conventionnelles et les approches complémentaires, les patients bénéficient d’une prise en charge holistique.
En mettant l'accent sur la prévention, l'éducation à un mode de vie sain, et l'auto-gestion de la santé, la naturopathie enrichit considérablement le spectre des soins disponibles pour les patients.
Avec ses méthodes naturelles et non invasives, telles la nutrition, la phytothérapie, et la gestion du stress, elle se positionne en parfaire complémentarité avec les traitements médicaux classiques.
Ce partenariat permet non seulement de traiter efficacement les affections aiguës et chroniques mais aussi d'améliorer la qualité de vie globale des patients, en les rendant acteurs de leur santé.
Conclusion
Face aux défis actuels, il est impératif pour les naturopathes de réaffirmer la valeur de leur pratique par une approche professionnelle, éthique et transparente.
En se concentrant sur le bien-être global plutôt que sur la guérison de pathologies, en s'armant d'un vocabulaire accessible et en adoptant une pratique cohérente, nous pouvons contribuer à une meilleure compréhension et acceptation de la naturopathie.
Notre pratique sera ainsi plus facilement intégrée dans un parcours de médecine intégrative, contribuant à une vision plus complète de la santé, où le bien-être physique, mental et émotionnel seront pris en charge au bénéfice du patient.
C’est en étant des praticiens bien formés, compétents et intègres que nous pourrons redorer le blason de notre belle profession et continuer à œuvrer pour le bien-être de nos consultants.
Anne-Sophie Dolhem - naturopathe à Buis-Les-Baronnies, Drôme, Visio
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